Syrie / Le film « Sabaya » remporte le grand prix au ZagrebDox

Le jury, de la 18e édition du ZagrebDox International Documentary Film Festival (voir notre article à ce sujet), a récompensé le film Sabaya, réalisé par Hogir Hirori, d’un Big Stamp (le grand prix). Les jurés, Katarina Zrinka Matijević, Mikhail Gorobchuket et Dalibor Matanić, ont été « captivés par l’incroyable tension dramaturgique, la prise de vue très courageuse, le montage fascinant et la réalisation extrêmement réfléchie ».

Sabaya

Lors de la guerre civile syrienne et irakienne de 2014, Daech s’est attaqué aux villages yézidis, une minorité ethnique et religieuse vivant dans le nord de l’Irak. On estime que près de 3000 personnes ont été massacrées, les femmes, pour une partie d’entre elles, ont été kidnappées. Ce crime perpétré par l’État islamique est aujourd’hui reconnu par les Nations Unies comme un génocide. Depuis la fin du conflit en 2019, nombreuses de ces femmes et filles yézidies sont enfermées dans des camps en Syrie aux côtés de soldats de Daech. Dans ces camps, les membres de l’organisation terroriste ont fait d’elles des « Sabaya », autrement dit, des esclaves sexuelles.

Le film Sabaya nous introduit dans le camp d’Al-Hol. Amnesty International estime que près de 60 000 personnes y sont enfermées, avec une majorité de femmes et d’enfants. Certains prisonniers sont associés à l’État islamique tandis que d’autres sont des civils fuyant la guerre. Parmi les femmes yézidies de ce camp, 7 000 sont retenues par Daech en tant que « Sabaya ». Le film suit le parcours de volontaires du Yazidi House Center qui, équipés de téléphones et d’armes à feu, s’introduisent dans le camp pour les libérer.

Dans un entretien adressé à Cineuropa, le réalisateur raconte comment le tournage s’est déroulé. Pour entrer dans ce camp, « j’ai dû obtenir des permis spéciaux pour le tournage ». Ces permis sont généralement donnés aux journalistes pour une courte durée, nous explique t-il. « J’avais besoin d’un permis qui me permette de rester beaucoup plus longtemps, plusieurs jours en fait ». Pour filmer comme il le souhaite, il ajoute : « j’ai dû faire jouer mes contacts en Syrie et en Suède pour y parvenir ». Le tournage lui a pris près d’un an et demi.

Hogir Hirori est d’origine Kurde, il a vécu dans le nord de l’Irak et a connu les persécutions subies par sa communauté. Depuis, il vit en Suède et a réalisé plusieurs films. Sabaya s’inscrit dans une trilogie qu’il consacre à la communauté yézidie. Son dernier film est précédé de The Girl Who Saved My Life (2016) et de The Deminer (2017). Le Festival de Sundance lui a remis le prix de la meilleure réalisation documentaire pour son film Sabaya en 2021.

Sources : Amnesty International, Cineuropa, Cinenews, les Grignoux

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