Maroc / La difficile relance des salles de cinéma marocaines

Le Centre Cinématographique Marocain (CCM) a publié son bilan cinématographique de 2021 sur le territoire. Parmi ces chiffres, ceux de l’exploitation cinématographique illustrent une baisse importante du nombre d’entrées sur le territoire.

Centre Cinématographique Marocain

Entre 2017 et 2019, les salles de cinéma marocaines rencontraient une hausse du nombre d’entrées avec 1 883 425 entrées en 2019, soit l’année avant la fermeture des salles suite à la pandémie de Covid-19. Depuis la fermeture entre mars 2020 et juin 2021, le nombre d’entrées en 2021 est en baisse. En effet, 663 604 entrées ont été enregistrées entre le 15 juin et le 31 décembre 2021.

Cette situation ne touche, bien entendu, pas que les salles marocaines. Notre article sur l’exploitation cinématographique en Italie soulevait ce même problème. Les deux principales raisons évoquées pour justifier cette difficile relance sont la longue période d’inactivité des salles ainsi que le développement important des plateformes de vidéo à la demande. Dans Le Matin, la journaliste Majda Fadili l’exprime ainsi : « Le confinement a été une aubaine pour la vidéo à la demande qui a vu ses souscriptions monter en flèche durant cette période, infligeant ainsi une double peine aux salles de cinéma, qui ont dû en subir les répercussions (…) ». L’arrivée en 2016 des plateformes de vidéo à la demande et leur multiplication (Netflix, Amazone Prime Vidéo, Disney +, Starz Play, etc.) sur le territoire engendre une concurrence non négligeable pour les salles marocaines. À cela s’ajoute la question du coût ; en comparaison, le prix moyen d’un ticket de cinéma est de 30 DH (3 €) par personne contre 100 DH (9,5 €) pour un abonnement mensuel à Netflix.

Face à cette situation, les professionnels discutent et débattent ensemble. En juin 2021, une conférence organisée à Rabat par CINEATLAS HOLDING portait sur la fiscalisation de ces plateformes. Pierre-François Bernet, directeur général du groupe Ciné Atlas, expliquait que les plateformes passent outre la réglementation marocaine. À titre d’exemple, elles s’affranchissent « de la licence obligatoire délivrée par la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) » nécessaire pour permettre l’exploitation d’une œuvre au Maroc.

Malgré une situation économique qui est en deçà des années précédentes, les exploitants se montrent optimistes pour la suite. Cyrial Audineau, directeur général de Megarama Maroc, explique pour Le Matin, que concernant « les entrées, nous remarquons tout de même une progression significative. Nous envisageons de retrouver une vraie sérénité d’ici la fin d’année. »

Depuis les nombreux appels au secours des exploitants lors de la pandémie, le ministère de la Culture marocain accompagne la modernisation et la construction de nouvelles salles de cinéma. Le 11 août dernier, le CCM a annoncé la mise en place d’une aide globale de 11,5 millions de dirhams, soit environ 1 million d’euros. Cette subvention s’inscrit dans une politique globale afin de développer la diffusion cinématographique ainsi que la production.

Sources : Le Matin, CCM, Box Office Pro, Maroc Diplomatique

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