Le dernier film de la réalisatrice franco-algérienne Nina Khada « Je me suis mordue la langue » a décroché le Poulain d’argent du court-métrage documentaire au 27e Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) de Ouagadougou.
« Je me suis mordue la langue », une quête identitaire
Dans ce documentaire de 25 minutes, la cinéaste raconte à la première personne, la recherche de la langue de son enfance, l’arabe dialectal qu’elle a perdu au fil des ans, elle qui a vécu toute sa vie en France. « Véritable quête identitaire, de lien et d’affirmation de soi », la jeune femme parcourt la capitale tunisienne comme un “substitut du pays de ses ancêtres”. Elle partage ses interrogations avec les passants et filme leurs réponses pour tenter de retrouver une part de son identité.
Ce voyage intimiste filmé au clair de lune est fait de rencontres avec les habitants des quartiers populaires tunisois : “une vieille dame lui recommande de retourner en Algérie, et qu’une langue, ça ne s’oublie pas, des enfants lui conseillent de parler aux gens dans la rue pour la réapprendre, alors que d’autres lui suggèrent plus simplement de chanter. […] À tout âge, les intervenants estiment que perdre sa langue c’est perdre la mémoire et ne comprennent pas vraiment qu’on puisse […] être à ce point coupé des siens”.
Dans une interview à Liberté Algérie, Nina Khada explique ses choix : « Je suis née en France au début des années 1990. La première fois que je me suis rendue en Algérie, j’avais vingt ans. À la suite de ce premier voyage, une distance, une sorte de barrière psychologique s’est établie. Je n’arrivais plus à aller en Algérie ni à me lier. Quelques années plus tard, je me rends à Tunis pour animer un atelier de réalisation documentaire avec des jeunes. La proximité des cultures et des langues entre l’Algérie et la Tunisie fait que je me sens un peu comme chez mes cousins… Familier sans être tout à fait chez moi. Et cela m’a donné envie de faire un film, d’interroger ce décalage, ce détour. Je suis retournée à Tunis pour tourner le film à l’été́ 2018. »
Nina Khada
Née à Nancy en 1991 de parents algériens, Nina Khada est réalisatrice, scénariste, cadreuse et monteuse. Elle est diplômée en Métiers du film documentaire de l’Université Aix-Marseille. Elle filme « Fatima » en 2015, son premier court-métrage documentaire, un travail de mémoire coloniale qui suit le parcours de sa grand-mère sur la base d’archives. Sorti en 2020, «Je me suis mordue la langue» a déjà pris part à une quinzaine d’événements cinématographiques à travers le monde.
Sources : lexpression.dz, aps.dz, lesoirdalgerie.com, horizons.dz, africultures.com