Le réalisateur roumain, Liviu Marghidan, termine la post-production de son troisième long-métrage, Refuge.
Son film, co-écrit avec Alexandra Posa, nous plonge au cœur d’une famille brisée. Après le divorce de leurs parents, le frère et la sœur se retrouvent séparés. La fille vit avec sa mère en France et le garçon en Roumanie avec son père. Chaque année, la famille se réunit quelques jours pour faire de l’escalade dans une réserve naturelle. Mais lorsque le dernier jour de leur heureuse réunion approche, les enfants souhaitent rester ensemble plus longtemps. Ils décident alors de fuir loin de leurs parents.
Ce film, à la teneur dramatique certaine, est l’un des rares films roumains où les personnages principaux sont des enfants. Le réalisateur déplore ce constat. Même si son film ne s’adresse pas directement aux plus jeunes, les films destinés à ce public sont, selon lui, nécessaires ; ils ont la capacité de « les inspirer, les guider et d’avant tout, de les inviter à sortir ». Liviu Marghidan ne définit pas son film comme un film de famille, mais comme un film sur « l’histoire d’un lien puissant qui unit un frère et une sœur ».
Refuge a été tourné entre juin et août 2020 dans les montagnes de Piatra Craiului entre 1600 et 2000 mètres d’altitude. La productrice, Ruxandra Flonta, raconte que le tournage a été éprouvant pour toute l’équipe : « nous avons organisé deux longues montées sur la crête de Piatra Craiului, où nous avons passé cinq jours à chaque fois dans une tente ou un refuge. L’ascension était d’autant plus difficile que chaque membre de l’équipe portait sa propre nourriture et ses affaires. L’équipe a dû s’entraîner pendant deux mois à l’escalade et aux techniques de survies.
La « nouvelle vague roumaine »
Liviu Marghidan est un réalisateur, producteur et directeur de la photographie. Il s’est fait connaître pour son travail sur des films issus de la « nouvelle vague roumaine ». Il a notamment travaillé avec le réalisateur Cristian Nemescu, aujourd’hui décédé, et sur le film collectif Contes de l’âge d’or (2009). La « nouvelle vague roumaine » est une appellation apparue pour définir les productions cinématographiques de ce pays.
Le cinéma s’est développé au milieu des années 1990 après la mort et la fin du régime de Nicolae Ceausescu. À cette époque, des écoles de cinéma ouvrent leurs portes et permettent ainsi à de nombreux étudiants de se former en tant que technicien, acteur ou réalisateur. Le faible coût de la main-d’œuvre a également attiré de nombreux tournages étrangers, permettant ainsi aux professionnels roumains de développer leurs compétences.
Aujourd’hui, le cinéma roumain et cette « nouvelle vague » sont largement reconnus par les institutions internationales, dont Cannes est un espace important pour leur valorisation. De nombreux films y ont été récompensés tels que La Mort de Dante Lazarescu (2005) de Cristi Puiu, 4 mois, 3 semaines et 2 jours (2007) et Baccalauréat (2016) de Cristian Mungiu.
Ces films donnent à voir une représentation noire de leur pays hanté par son histoire. Les réalisateurs manient autant la farce et l’humour que le drame réaliste afin d’interroger leur société et son passé. Le critique de cinéma, Mathieu Macheret, décrit ces œuvres ainsi : « ces films mêlent écriture fictionnelle et dispositifs qui relèvent du documentaire[…]. Il y a un souci de pousser le plus loin possible la représentation du réel ».
Sources : Cineuropa, FilmNewEurope, Les Inrockuptibles, RTS