8 films sur les 24 en compétition ont été primés à l’issue de cette 19ème édition du PriMed, le festival de la Méditerranée en images. La parole est à leurs réalisateurs.
Cécile ALLEGRA, co-réalisatrice de “Voyage en Barbarie”
(Grand Prix du Documentaire Enjeux Méditerranéens)
“Je voudrais remercier le jury. C’est un Prix très important pour nous, parce que c’est l’autre rive de la Méditerranée. J’ai 40 ans, et je ne pensais pas tomber sur cette réalité, Delphine Deloget non plus d’ailleurs. On ne pensait pas tomber sur des camps de concentration. Sauf que l’idéologie aujourd’hui c’est l’argent, on torture pour l’argent. Cette méthode qui concerne dans le film les Erythréens est en train de s’étendre à toute la corne de l’Afrique. Elle est présente en Libye, au Yémen, au Soudan, on a vu des premiers cas en Tunisie. C’est un fléau. On a commencé le travail il y a 2 ans, personne ne voulait en entendre parler, tout le monde trouvait ça surréaliste.”
Agnès SKLAVOS et Stelios TATAKIS, réalisateurs de “Evénements de Phocée 1914”
(Prix Mémoire de la Méditerranée)
“L’histoire du film était tombée dans l’oubli pendant des décennies. Même en Grèce, elle n’est pas connue. Nous connaissons la catastrophe de Smyrne de 1922, mais pas cet événement-là. Les archives sont ressorties en 2005. Un historien de la photographie les a eues en sa possession et a fait une recherche pour trouver à qui elles avaient appartenu, et il est tombé sur ces événements.”
“Nous avons essayé de donner vie aux textes. En archives, il y avait quelques photos, mais on a essayé de les faire vivre. Merci beaucoup, merci au PriMed, au CMCA, au jury.”
Hadja LAHBIB, réalisatrice de “Patience, patience, t’iras au paradis !”
(Prix Première Oeuvre, Mention Spéciale ASBU)
“J’aimerais remercier du fond du coeur le jury, le public du PriMed ainsi que les organisateurs du festival d’avoir offert un nouvel éclairage au film “Patience, patience t’iras au paradis !”. En réalisant ce film, j’avais envie de combler un silence, de donner une voix à nos mères, à celles qui ont tout sacrifié pour leur mari, pour leurs enfants. Les voir revivre sur le grand écran d’un festival comme le PriMed était pour moi une source de joie immense, alors que dire du double prix qui les couronne aujourd’hui ? Grâce à vous, nos mères ont un visage, le grand public sait qu’elles ont des rêves, des envies et un sacré sens de l’humour ! J’espère que Tata Milouda, Warda, Mina et les autres entraîneront dans leur sillage d’autres femmes, d’autres mères, voilées ou pas, qu’on les verra bientôt assises confortablement à l’Opéra, au théâtre ou au cinéma, que l’on entendra leur rire contaminer irrésistiblement les salles de spectacle. Vive la culture et vive nos mères ! Merci infiniment.”
Anush HAMZEHIAN, réalisateur de “L’Accademia della Follia”
(Prix Art, Patrimoine et Cultures de la Méditerranée)
“Merci au jury, je suis très content de recevoir ce Prix. C’est la deuxième fois que je viens à Marseille pour ce festival, et c’est mon deuxième Prix, donc c’est pas mal. Et dans la même catégorie, mais ça fait partie de mes folies à moi. Je pourrais remercier les gens pendant des heures, mais je dois absolument remercier France 3 Corse qui me soutient depuis des années, et qui se lance dans des projets qui ne sont pas faciles tout le temps. Elle me fait confiance dans des projets comme celui-là qui n’est peut-être pas dans les catégories classiques du documentaire. Je dois aussi remercier mes fous, comme ils s’appellent eux-mêmes. Ce Prix est évidemment pour l’Accademia della Follia. Ce sont des gens exceptionnels, ce Prix leur est attribué.”
Amber FARES, réalisatrice de “Speed Sisters”
(Prix Averroès Junior, Prix à la Diffusion 2M, Prix à la Diffusion RAI3)
“Merci beaucoup d’avoir sélectionné “Speed Sisters” pour le PriMed cette année. C’était vraiment un honneur pour nous de pouvoir montrer le film pour la première fois au public français, et nous sommes très émus de recevoir le Prix Averroès Junior et les deux Prix à la Diffusion. Nous croyons plus que jamais qu’il est important de réaliser et de montrer des films tels que “Speed Sisters” qui rassemblent les gens et nous incitent à vivre nos vies pleinement. Cela signifie beaucoup pour nous que le public en France – y compris les lycéens – pense la même chose. Merci.”
Lyana SALEH, co-réalisatrice de “Rebelle de Raqqa”
(Prix du Court Méditerranéen (Prix du Public))
“Merci au PriMed, merci à vous. C’est un honneur pour nous d’avoir reçu ce Prix. Je voudrais dédier ça à Haya, la fille courageuse qu’on voit dans le film, et à toutes les femmes méditerranéennes qui luttent quotidiennement. Nous avons rencontré Haya à Paris. Elle a filmé deux fois à Raqqa. Elle a envoyé les images à France 24, on les a regardées et on s’est dit que ces images avaient une valeur, qu’il fallait en faire quelque chose. Une fois que le premier reportage a été diffusé, Haya a reçu des menaces de Daesh. Elle est partie, elle a trouvé refuge en France. On s’est dit qu’il fallait faire un portrait humain sur Haya pour comprendre comment elle a fait ça et pourquoi.”
Caroline DONATI, co-réalisatrice de “Syrie, Journaux Intimes de la Révolution”
(Prix Multimédia de la Méditerranée)
“Un grand merci d’abord au jury de Menton, au nom d’Oussama Chourbaji, avec qui j’ai initié le projet, Majid Abdel-Nour, Joudi Chourbaji, Amer Abdel-Haq, avec qui on a commencé, et qui sont en Syrie. Joudi a passé sept mois dans les prisons d’Assad. Amer est dans une banlieue assiégée depuis novembre 2012. Majid est à Alep et il a assisté à de nombreux massacres par le régime, avec le renfort de l’armée russe, et par Daesh.”
“Ce qui se passe aujourd’hui, les réactions politiques au niveau national et la politique étrangère nous incitent à continuer. Je rends aussi hommage au courage de cette société-là. Le samedi 14 novembre, au lendemain des attentats, Hassan, un des nouveaux qui nous a rejoints, nous a envoyé une vidéo de Damas, de sa banlieue assiégée, une vidéo de solidarité du peuple syrien envers Paris. Je reste sans voix. Merci pour eux.”
Dimitris KOUTSIABASAKOS, réalisateur de “The Grocer”
(Prix à la Diffusion France 3 Corse ViaStella)
“Les meilleures récompenses sont celles que l’on n’attend pas. C’est pourquoi la cérémonie de clôture du PriMed m’a rendu si heureux ! Au milieu de tant de documentaires “méditerranéens” si extraordinaires, je ne pas pensais pas avoir de chances, mais la réalité a finalement contredit ce sentiment. Je voudrais remercier le PriMed pour une autre raison. Cela m’a donné l’opportunité non seulement de présenter mon film à un public exceptionnel, mais aussi de découvrir une ville dont je suis tombé amoureux au premier regard !”