TUNISIE / Décès de Moufida Tlatli, pionnière du cinéma tunisien et féministe engagée

Dimanche 7 février, la réalisatrice, scénariste et monteuse tunisienne Moufida Tlatli est décédée à l’âge de 74 ans. Le Ministère des Affaires Culturelles tunisien a rendu hommage au parcours de cette pionnière du cinéma dans le pays.

La réalisatrice Moufida Tlatli
© Harvard University

« Les Silences du Palais », la femme arabe sous le poids du passé

Devenu culte, son premier long-métrage “Les Silences du Palais” est le premier réalisé par une femme en Tunisie. L’histoire raconte le retour d’Alia jeune chanteuse, fille d’une servante et d’un père inconnu, dans le palais de son enfance. Explorant l’héritage du colonialisme et du patriarcat, le film révèle au public les traumatismes transgénérationels subis par la femme arabe.

Sorti en 1994, “Les Silences du Palais” avait obtenu le Tanit d’Or des Journées Cinématographiques de Carthage 2014, la Caméra d’Or du Festival de Cannes et le Prix de la Meilleure Actrice. Le critique de film Mark Cousins au Guardian l’avait nommé parmi les 10 meilleurs films d’Afrique en 2012. 

Les Silences du Palais (1994)

Dans une interview au Monde de 94, elle raconte comment ce film est un voyage au cœur de son propre passé : 

« Mon travail de monteuse me satisfaisait pleinement, précise-t-elle, et je ne pensais nullement à devenir réalisatrice. Jusqu’au jour où ma mère a été atteinte de mutisme. Cela a duré cinq ans, jusqu’à sa mort. De ce silence, qui répondait à tous ceux que j’avais connus dans mon enfance, est né le désir, le besoin d’écrire et de réaliser ce film« . (Source : lemonde.fr)

Moufida Tlatli, une cinéaste engagée

Née en 1947 à Sidi Bou Saïd,  Moufida Tlatli étudie à l’IDHEC de Paris (Institut des hautes études cinématographiques). Elle est scripte et directrice de production, à l’ORTF entre 1968 et 1972. En 1972, elle retourne en Tunisie pour y travailler comme monteuse. Une référence dans le milieu cinématographique, elle travaille sur plusieurs films dont « Omar Gatlato » de Merzak Allouache, « Les Baliseurs du désert » de Nacer Khémir, « Le Cantique des pierres » de Michel Khleifi. En 2001, elle devient la première réalisatrice du Maghreb à être nommée jurée au Festival de Cannes. Après la révolution de jasmin en 2011, Mme Tlatli est nommée Ministre de la Culture dans le gouvernement de Mohamed El Ghennouchi.

L’engagement de Moufida Tlatli a profondément marqué le cinéma du monde arabe de sa perspective féministe. Sa volonté de changer la société a été un réel moteur pour la cause des femmes.

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Sources: cinematunisien.comtheguardian.co.ukkapitalis.com

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