20ème PriMed : Les réactions du jury


PriMed 2016 – Notre dossier complet :
Le palmarès du PriMed 2016 Les réactions du jury2500 lycéens présents au PriMed !
Le public a décerné son prixLes projections-débatsLa cérémonie de remise des prix


 

 

Les cinq membres du jury du PriMed 2016 nous donnent leur ressenti sur cette semaine passée à Marseille et sur la sélection de cette année.

p1030616Antoine Sfeir
Journaliste et Politologue, Directeur des Cahiers de l’Orient, Président du jury

« La semaine que j’ai passée au PriMed à Marseille fut une semaine de découverte à la fois cinématographique et amicale. Tout au long des projections de  films, j’ai été de surprises en surprises découvrant des réalisations bien surprenantes et tout aussi attachantes. Mais c’est surtout la découverte d’une équipe du CMCA avec sa directrice qui m’a enthousiasmé : une équipe jeune, dynamique, chacun et chacune donnant de sa personne et de son temps pour satisfaire un public exigeant, des intervenants et des institutionnels encadrés dans les moindres détails. Le plus important pour moi,furent les délibérations du jury avec Shu Aiello, Lynda Bouadma, Daniel Deloit et Magdi Ghoneim. Des moments riches au cours desquels, chacune et chacun a partagé sa sensibilité et une lucidité formidables. Ce jury que j’ai eu l’honneur de présider a été très  attentif, assidu et harmonieux tout au long de la semaine et m’a donné un sentiment rafraîchissant et une humilité face à de vrais professionnels. A tous, je dis merci. »

 

 

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Shu Aiello
Réalisatrice, Directrice de production et Productrice exécutive

« Les films proposés dans l’édition de ce 20ème PriMed nous ont donné les éléments d’un puzzle complexe qu’est la Méditerranée et les temps bouleversés de violents contrastes que nous devons affronter. L’obscurantisme de Daech ou d’Aube Dorée, la violence des guerres, la férocité de la finance opposées aux touches de lumières qui brillent dans l’énergie de tisseuses marocaines, de citoyens espagnols, de sportifs napolitains nous rappellent  que dans les ”sud” du monde une belle humanité reste debout. La semaine qui vient de s’écouler à parler, échanger, découvrir, apprendre a été un moment de grâce qui m’a comblé. »

 

 

p1030634Lynda Bouadma
Journaliste et Productrice à la Radio Algérienne (Chaîne 3)

« Dans quel monde nous vivons ? La sélection de ce 20ème PriMed apporte des éléments de réponse. Souffrances, déchirements, perte de dignité,  provoquées par les guerres, l’exil, le chômage ou la pauvreté.  Mais au-delà du constat et grâce à un travail professionnel empreint de sensibilité, d’engagement et de finesse nous sommes interpelés tous, du nord comme du sud. Notre confort matériel ou «intellectuel» est précaire. Néanmoins les témoignages dans chaque film mettent à mal la fatalité et ouvrent vers l’espérance, vers le possible. La résistance, l’humour, l’engagement, la persévérance, la solidarité et la foi en l’humain sont gages de réussite et de changement. Participer à ce jury à été pour moi une très belle aventure intellectuelle et humaine. »

 

 

p1030587Daniel Deloit
Directeur Général de l’ESJ Pro

« Une fois encore, les organisateurs de la vingtième édition du PriMed ont vu juste. Tous les documentaires et les reportages sélectionnés affrontent sans concession le réel, qu’il soit présent ou enfoui dans nos mémoires. Toutefois, dans le même mouvement, tous nous projettent aussi vers l’avenir et ce n’est pas la moindre de leurs qualités. Bien sûr, notre réel est tissé de guerres, de migrations, de génocides, d’oppressions, de destructions et d’errances humaines, avec leurs conséquences avilissantes, indignes et destructrices. Ces faits rapportés et ces mémoires exhumées sont abordés avec lucidité, sans nostalgie excessive ou pudeur mal placée. Mais témoigner n’est pas seulement une posture professionnelle, un pont vers la connaissance ou même un cri pour appeler à l’éveil des consciences. Témoigner, c’est au fond un acte de foi en l’Humanité. C’est oser prétendre qu’aucun dogme, qu’il soit religieux, politique ou économique ne tarit jamais complètement la source d’une espérance émancipatrice. C’est montrer qu’il existe des solidarités, des révoltes, des combats, des gestes héroïques et magnifiques qui s’expriment au quotidien, des reconnaissances et des enrichissements mutuels sublimés ici par l’Amour, là par l’Art ou la Tradition. C’est affirmer qu’il n’y a pas un implacable Fatum qui pèserait sur les rivages de la Méditerranée mais que, bien au contraire, elle est toujours cet Athanor où peut se fondre le pur alliage d’une fraternelle altérité et de la Liberté. »

 

 

p1030534Magdi Ghoneim
Ex-Directeur Régional de TV5 Monde Maghreb Orient

« Une immersion totale dans une région que je connais bien, quelques jours passés à vivre, respirer, partager la Méditerranée. Je la savais en souffrance, malmenée par l’histoire, le sort, le passé et le quotidien. J’ai redécouvert des instants tragiques, ils ont pour noms guerre, génocides, terrorisme, dictature, mais aussi un immense espoir qui peut se lever, venir effacer les larmes, les angoisses, les cris et les pleurs que le passé a creusé en larges sillons. Après avoir eu l’immense plaisir de visionner les films sélectionnés je me suis rendu compte que se dessinait parfois un avenir en construction, que des hommes et des femmes bikers, tisseuses, footballeurs, nomades, musiciens, journalistes imaginaient un monde différent plus tolérant, plus pacifié, plus solidaire. De ces quelques jours passés à visionner des films de et sur la Méditerranée, me reste tout d’abord l’immense plaisir d’avoir participé d’une certaine façon au PriMed du CMCA, un festival que je connaissais, que j’appréciais, que je soutenais mais dont j’étais loin d’imaginer l’impact sur la vie culturelle de cette belle ville de Marseille et ce merveilleux projet qui vise à impliquer les jeunes, à leur présenter des films, à organiser des débats, à leur expliquer les enjeux. J’ai eu une énorme satisfaction d’intégrer un jury qui s’est très fortement impliqué, qui a mes yeux était d’une grande qualité humaine et professionnelle avec en Président un grand spécialiste de cette région, Antoine Sfeir. Et si je pleure, parfois, souvent, pour Alep, je me dis aussi que l’avenir sera peut être plus serein, moins cruel, c’est l’immense espoir que j’emporte de ces images qui se sont bousculées sur les écrans du CMCA. »

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